Il était le premier à s'en agacer. Jamais cette fichue boîte à trois places ne lui avait offert un pan de gloire. Les zooms, les bouquets, les vivats du public, Olivier Galon les laissait aux autres. Pas faute de tenir son rôle de prétendant, pourtant !
Il y avait bien eu cette médaille d'argent sur cross court au National de cross-country, l'an passé, mais elle ne l'avait pas comblé. « Le cross, c'est à part, traduit Olivier Galon. Aucun parcours ne se ressemble, il y en a de plus durs que d'autres, de plus tourmentés. Sur la piste, au moins, seul le chrono parle. »
« Et ça paye, enfin ! »
À Aubière, aux portes de Clermont-Ferrand, il a donc enfin parlé. En 3'48''54, Galon s'est jeté avec gourmandise sur la médaille de bronze. Le temps importe peu. « J'ai couru plus vite à Val-de-Reuil (3'45''50). Mais là, ça ne compte pas. » Galon est exaucé. À son tour, il peut enfin se hisser sur cette fameuse boîte, lever les bras et les yeux vers le plafond auvergnat.
« Je pense que c'était mon 6e championnat de France élite en salle. J'en ai disputé autant en plein air... Et ça paye enfin ! J'étais toujours placé, jamais devant. » Sans Mehdi Baala ni Yoann Kowal, les deux leaders de la spécialité, déjà qualifiés pour l'Euro de Bercy, le chemin vers le podium lui semblait « ouvert ». Olivier Galon a eu le mérite d'aller droit au but pour devenir acteur de l'emballage final.
Il mesure le travail accompli cet hiver. Son passage de la Bayard Argentan à l'EA Mondeville-Hérouville l'a redynamisé : « À Mondeville, désormais, je dispose de structures plus importantes. Je peux m'entraîner en salle, avec plusieurs entraîneurs, courir avec d'autres athlètes. Je me sens moins isolé. »
Il rend aussi hommage à Adrien Taouji, son nouvel entraîneur. « La transition s'est faite d'autant plus facilement que c'est Noureddine Bahar, mon ancien coach, qui m'a orienté vers lui. » Olivier Galon a pris du volume. « J'ai insisté sur la musculation. Physiquement, je me sens plus à l'aise. » Le corps, mais aussi la tête.
« Le mental constituait mon point faible. Avec mon coach, on a bossé là-dessus. C'est lui qui m'a persuadé que j'avais les qualités pour jouer devant. » Le nouveau Galon se révèle, à 29 ans. Entre son poste d'assistant d'éducation dans un lycée d'Argentan et son fils Timeo, l'athlète veut puiser dans ce premier podium en salle l'énergie pour aller plus loin.
« J'espère que ça va m'aider à passer un cap, analyse le néo-Mondevillais. En tout cas, j'y vois un déclic. Ça me donne envie de m'investir encore plus. Cet été, je vais tout miser sur le 1 500 m ». Mais l'hiver n'est pas tout à fait terminé. Dès dimanche, il sera demandé à Galon de clore sa saison aux championnats de France de cross, à Paray-le-Monial.
Il ne faudra pas le chercher aux avant-postes, cette fois. Olivier Galon jouera pleinement la carte de la collectivité. « Ce n'est pas encore officiel, mais logiquement, avec Mondeville-Hérouville, nous alignerons une équipe. »